Communiqué de presse: Grève à durée indéterminée à l'École Normale Supérieure
Communiqué de presse SUD étudiant - Solidaires Fonction publique
Depuis huit semaines, les personnels précaires de la cantine de l'ENS de Paris sont en
grève reconductible pour protester contre leurs conditions de travail et réclamer leur
titularisation ainsi que des augmentations de salaire et l'ouverture d'enquêtes sur des cas de
harcèlements, parfois accompagnés de licenciements abusifs.
Ces salarié-e-s accumulent depuis plusieurs années les C.D.D. (plus de six ans pour certaine-
s) tout en assurant au sein de l'établissement des fonctions pérennes. Leurs salaires sont
scandaleusement bas et n'ont connu aucune évolution, alors même que les réductions d'effectifs
entraînent chaque année un accroissement de la charge de travail, encore accentué par certaines
ambitions de la Directrice de l'établissement. Depuis plusieurs années en effet, l'ENS est très
soucieuse de sa visibilité internationale, accueille de plus en plus d'étudiant-e-s et n’hésite pas à
sacrifier des postes de titulaires nécessaires en cuisine, ménage, etc., pour les remplacer par des
postes supplémentaires de professeurs, en recourant à l’externalisation ou aux C.D.D. à répétition
pour les tâches les moins « nobles ». De façon générale, la gestion de l'établissement est
catastrophique depuis quelques années, c'est pourquoi de nombreux/ses précaires de tous les
services, et même des titulaires, ont protesté et protestent encore contre la politique de « prestige »
de l'établissement et les dégâts qu'elle provoque au quotidien.
Face à un mouvement social en cours depuis maintenant 4 mois, la Direction refuse
d'entendre les revendications et méprise ouvertement les grévistes ainsi que les étudiant-e-s
solidaires. Le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche sollicité à de nombreuses
reprises refuse lui aussi de prendre en compte la situation et ne daigne même pas recevoir une
délégation. La Direction tout comme le Ministère choisissent donc de laisser pourrir le mouvement,
et le chemin pris par l’administration de l'École est celui de la censure et de la répression.
En effet, depuis l’annulation injustifiée de la conférence de Stéphane Hessel qui devait avoir
lieu le 18 janvier, et contre les activités du Collectif Palestine ENS autant que contre le mouvement
social, la Direction souhaite interdire toute manifestation « à caractère politique » au sein de
l'établissement (conférences, réunions, etc.), au mépris des libertés d’expression et de réunion. Cette
censure politique est déjà condamnée par la justice, puisque suite à l’interdiction sans motif de la
tenue dans l'École d’un cycle de conférences consacré à la question israelo-palestinienne organisé
par des élèves, le Tribunal Administratif, auprès de qui avait été présentée une requête, a jugé que :
« La directrice de l'ENS, dans l'exercice de ses fonctions a porté une atteinte grave et
manifestement illégale à la liberté de réunion qui constitue une liberté fondamentale ». Ces
agissements sont dans la droite ligne de la politique de la Direction qui depuis des années bafoue le
droit syndical, notamment en refusant l’octroi de locaux et de matériel. Une prochaine conférence
de presse intersyndicale sur la précarité dans la fonction publique, prévue à l’ENS le 9 mars, est elle
aussi menacée.
Solidaires Fonction Publique et SUD-Étudiant soutiennent les personnels, élèves et
professeurs engagé-e-s dans cette action, et condamnent les atteintes aux libertés d’expression et de
réunion ainsi qu’au droit syndical en cours à l’ENS.