Limoges : la première université en déficit avec l'application de la LRU
Le budget de l'université de Limoges, en déficit, surveillé par le rectorat
(dépêche AFP)
Le budget 2012 de l'université de Limoges, qui a accusé en 2011 un déficit de 3 millions d'euros, va passer sous la surveillance du recteur d'académie du Limousin qui en validera les orientations, a-t-on appris vendredi auprès du président de l'université.
La mesure, qui s'inscrit dans le cadre de la loi d'autonomie dite LRU ("libertés et responsabilités des universités") votée en 2007, s'applique lorsque le déficit d'une université dure depuis au moins deux années entières, ce qui est le cas pour l'université de Limoges, a indiqué à une correspondante de l'AFP son président, Jacques Fontanille.
En temps normal, le recteur dispose d'un simple droit de regard. Mais avec la mise en oeuvre de ce dispositif, il aura le dernier mot sur le budget. Cette mesure est reconductible d'année en année, en fonction de l'état financier de l'université.
Limoges avait été parmi les premières universités à opter pour l'autonomie, un choix que M. Fontanille ne regrette pas même s'il aurait "préféré que les universités (...) aient été mieux accompagnées par le ministère". Selon lui, le déficit de son université "est directement imputable aux aspects techniques du changement de comptabilité lié à l'application de l'autonomisation, mais aussi à la progression de la masse salariale", insuffisamment compensée par l'Etat qui a versé à l'université de Limoges 540.000 euros pour ce poste en 2011.
"L'université a rapidement pris la mesure du déficit qui pouvait s'accumuler" mais "les dispositions prises pour enrayer le mécanisme commencent seulement à porter leurs fruits", estime M. Fontanille. "Nous sommes une dizaine d'universités en France dans cette situation", rappelle le président qui espère, dans l'intérêt de la qualité de l'enseignement comme du cadre d'étude offert aux étudiants, que "l'Etat interviendra pour aider l'université de Limoges à revenir à l'équilibre".
Le budget 2012 sera voté le 9 décembre par les élus de l'université lors d'un scrutin consultatif. C'est le recteur, Jean Bertsch, qui l'entérinera, une "situation transitoire", selon M. Fontanille. Pour Louis Vogel, président de la Conférence des présidents d'université (CPU), "on ne peut pas dire que c'est lié à la mauvaise gestion des présidents autonomes".
Il souligne que "les déficits peuvent être liés indirectement à l'autonomie, en raison du changement des règles comptables". "Cela ne veut pas dire que l'université est dépossédée de son pouvoir de gestion. Cela se passe de façon coopérative" avec le recteur, a-t-il ajouté.
Stéphane Tassel, secrétaire général du Snesup-FSU, premier syndicat d'enseignants dans le supérieur, estime de son côté que "c'est un constat d'échec de l'autonomie financière des universités". "Nous demandons l'abrogation de la loi +libertés et responsabilités des universités+", puisque "l'autonomie, c'est renvoyer aux établissements la gestion de la pénurie", a-t-il expliqué à l'AFP.
"Voir le recteur être le garant des orientations, c'est une entrave inédite aux libertés scientifiques et pédagogiques", estime-t-il, jugeant que "ce n'est pas à la communauté universitaire de payer la responsabilité de l'Etat, qui se désengage chaque année un peu plus".
Source : dépêche AFP, http://www.vousnousils.fr/2011/11/11/le-budget-de-luniversite-de-limoges-en-deficit-surveille-par-le-rectorat-2-516419